• 10 juillet 2023

L’eau du Rhône, les eaux usées traitées et l’intelligence collective !

  • Presse
  • Traitement de l'eau

On prélève chaque année, en Occitanie, 1,6 milliard de mètres cubes d’eau. “On a un déficit d’eau annuel de 200 millions de mètres cubes, dit Fabrice Verdier, président de BRL, le concessionnaire de la région Occitanie. Il n’y a pas de solution miracle. BRL en est une mais ce n’est pas LA solution.” Jean-François Blanchet, directeur général de BRL, insiste sur le fait que, certes, “Aqua Domitia est une arme antisécheresse”, mais qu’il est aussi “important d’avoir des champions régionaux qui sachent travailler ensemble”, notamment via le pôle Aqua-Valley et capables de faire émerger des solutions exemplaires.

Conseiller régional d’Occitanie, Fabrice Verdier préside, depuis bientôt deux ans, le Groupe BRL (Bas-Rhône Languedoc, 800 collaborateurs dont 700 en France). Jean-François Blanchet en est le directeur général. Cette compagnie gère des ouvrages et notamment Aqua Domitia qui transfère l’eau du Rhône, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI, sécurise le territoire en eau et permet des irrigations contrôlées, notamment auprès des agriculteurs et viticulteurs.

Et ce, dans un contexte “particulier” de sécheresse et de réchauffement climatique. En écho au lancement du plan régional Eau comme l’a expliqué il y a quelques jours la présidente de Région, Carole Delga, les deux dirigeants expliquent la stratégie de BRL, bras armé de la région Occitanie, dont elle est actionnaire, pour justement lutter contre la sécheresse.

Quel est l’état des lieux de la ressource en Occitanie ?

Fabrice Verdier : La pluviométrie du mois de juin nous permet de souffler un peu.

Jean-François Blanchet : À une sécheresse intense de 2022 a succédé une période automnale et hivernale qui, elle-même, a été frappée par la sécheresse et un début de printemps qui l’a été tout autant. Avec une situation un peu plus favorable en mai-juin {grâce aux pluies récentes, Ndlr} qui a réduit la pression sur la ressource et la pression sur certains usages. Globalement, pour autant, on reste dans un contexte déficitaire en eau. De recharge des nappes et de la ressource.

BRL avait anticipé pour une gestion responsable de l’eau

Jean-François Blanchet : Dans ce tableau, BRL, en tant qu’opérateur régional, avait anticipé pour avoir une gestion responsable de l’eau, notamment celle qui est stockée dans ses retenues, en particulier au barrage de la Ganguise, dans le Lauragais (Aude), et celui des Monts d’Orb, à Avène-les-Bains (Hérault). Pour ce qui concerne ce dernier, dès l’automne dernier, nous avons stocké par anticipation de l’eau dans ce barrage.

Pour cela, nous avons même réduit la production d’énergie hydro-électrique. On a privilégié la disponibilité de la ressource pour l’été plutôt que de produire de l’électricité. Bien nous en a pris : nous avons un volume inférieur à celui des années précédentes, de l’ordre actuellement de 17 millions de mètres cubes stockés. C’est une situation comparable à celle de 2003, qui est parmi les “grands millésimes” de sécheresse.

Aqua Domitia sert-il aussi à diminuer la pression sur le réseau ?

Jean-François Blanchet : On a aussi une “arme antisécheresse” : la mobilisation à pleine capacité d’Aqua Domitia, du transfert de l’eau du Rhône sur toute la façade littorale de l’Hérault et qui permet de satisfaire les besoins en eau des nouveaux périmètres que nous avons réalisés dans le Bitterois et d’alimenter, cet été, une partie des réseaux avec cette eau du Rhône à la place de la ressource Orb et du Canal du Midi.

Grâce au Rhône, nous avons pu délester une partie des prélèvements que l’on effectuait auparavant sur ces milieux plus sensibles. C’est tout l’enjeu d’Aqua Domitia : avoir aussi la capacité de réduire la pression de prélèvement. Notamment sur des exploitations agricoles.

Quels sont les prélèvements autorisés dans le Rhône ?

Jean-François Blanchet : Nous avons une autorisation de 75 mètres cubes par seconde. En période estivale, la pointe la plus forte que l’on atteint, c’est 15 mètres cubes par seconde. Donc nous ne mobilisons que 20 % de la capacité de prélèvement.

Sachant qu’à l’heure actuelle le débit du Rhône et de 730 mètres cubes par seconde et nous prélevons, BRL, un peu moins de 10 mètres cubes par seconde. On a des outils {il nous montre une application pour smartphones ingénieuse, Ndlr} que même le président ou le directeur général peuvent tout suivre en direct à tout moment, depuis leur smartphone, via une application dédiée. De la même manière, à l’heure où l’on se parle, la cote du barrage des Monts d’Orb est de 419,44 mètres NGF. Dans ce barrage, il entre 0,8 mètre cube par seconde et on restitue deux mètres cubes par seconde. On restitue donc bien davantage.

Mais le Rhône, qui prend sa source dans les glaciers suisses, est lui aussi touché par le réchauffement…

Jean-François Blanchet : À ce jour, l’ensemble des précipitations sur le bassin rhodanien au sens large avec les Hautes-Alpes ont reconstitué presque toutes les ressources en eau. Y compris au lac de Serre-Ponçon, dans les Alpes {devant le plus grand lc artificiel de France, le président Macron avait présenté son “plan eau” le 30 mars avec une cinquantaine de mesures}.

L’Agence de l’eau a modélisé l’impact du changement climatique – le Rhône y est incontestablement soumis, c’est indéniable – sur l’ensemble de ce bassin versant. Le changement a déjà eu des effets sur le débit moyen du Rhône. Environ 13 % de débit moyen en moins. Et pour le futur, c’est de l’ordre de 20 % à 25 % de baisse annoncée de ce débit. Mais BRL ne prélève aujourd’hui que 20 % de notre capacité de prélèvement : même avec les scénarios les plus pessimistes du Giec, à un horizon à 2070, le débit du Rhône sera suffisant pour que les prélèvements y soient faits.

Des chiffres concrets pour illustrer : le Rhône envoie à la mer chaque année 55 milliards de mètres cubes d’eau. Nous, BRL, nous en prélevons 150 millions de mètres cubes. Soit 0,3 % des volumes d’eau écoulée à la mer. Le débit moyen du Rhône en été est d’environ 700 mètres cubes par seconde. Et quand il y a très peu d’eau, on est entre 360 et 400 mètres cubes par seconde, à Beaucaire. Et, encore une fois, nous n’en prélevons encore une fois que 15 mètres cubes par seconde. Sachant que deux heures plus tard, l’eau s’écoule en mer. On n’assèche pas la Méditerranée ! Ce n’est pas la mer d’Aral… C’est plutôt l’inverse : la mer a aujourd’hui trop d’eau.

Cette eau du Rhône n’est pas inépuisable mais elle restera une ressource relativement abondante. Ce qui est important, ce n’est pas tant qu’il y ait une ressource disponible suffisante par rapport aux besoins. Nous sommes très fortement impliqués sur la plus forte réduction possible sur les prélèvements, des fuites d’eau et que l’irrigation soit la plus sobre possible. Car, au-delà d’utiliser de l’eau l’ensemble des infrastructures consomment de l’énergie. L’enjeu en faisant des économies c’est de faire aussi des économies d’énergie, d’avoir un impact carbone le plus bas possible. Ce qui est important à l’heure du réchauffement c’est d’optimiser le rapport entre eau, énergie et alimentation via une gestion responsable.

BRL ne ponctionne que 0,3 % de l’eau du Rhône ; notre intervention n’a aucune incidence sur le milieu”

Fabrice Verdier, président de BRL

Fabrice Verdier : Le chiffre qui est très important, c’est les 55 milliards de mètres cubes d’eau du Rhône qui s’écoulent  à la mer et le fait que BRL n’en ponctionne que 0,3 %. Notre intervention n’a aucune incidence sur le milieu.

Le plan Aqua Domitia date de Georges Frêche et démontre depuis toute sa pertinence. En 2018, déjà, il l’a encore prouvé. La Région occitanie a initié un plan régional eau. A l’échelle de l’Occitanie, on a un déficit d’eau annuel de 200 millions de mètres cubes. On veut éviter les conflits d’usage. Il faut agir sur plusieurs leviers pour cela. Il n’y a pas de solution miracle. BRL en est une mais ce n’est pas LA solution unique. En la matière, tout compte et chacun, citoyen, acteur économique, etc., peut apporter sa contribution.

Lire l’article de Dis-leurs !

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