Interview de Laurent-Emmanuel Migeon, Président Directeur Général de BIO-UV Group
Conjoncture oblige, le contenu (l’eau) devient presque plus important que le contenant (la piscine) ! Chez BIO-UV Group, spécialiste de la désinfection de l’eau par ultraviolets, électrolyse de sel, ozone et Processus d’Oxydation Avancée, la qualité de l’eau a toujours été la préoccupation principale. La récente arrivée de Laurent-Emmanuel Migeon au poste de Président Directeur Général de BIO-UV Group permet de donner une autre dimension à cette expertise.
BIO-UV GROUP : un acteur stratégique pour protéger l’eau bleue… par le vert de l’écologie !
BIO-UV Group, c’est une entreprise que vous connaissez bien…
Laurent-Emmanuel Migeon : Effectivement. Depuis 5 ans, j’en décortique tous les rouages et surtout, les incroyables perspectives d’évolution. L’entrée en bourse en 2018 a permis de mettre à profit les levées de fonds de plusieurs dizaines de millions d’euros qui ont notamment profité à notre centre de recherche et développement. Les attentes à la fois en matière d’économies et de qualité d’eau sont, plus que jamais, devenues nos priorités, autant pour les usages en piscines que pour des applications municipales et industrielles.
Notre très large spectre de solutions nous a conduits à nous positionner en expert sur le marché du traitement de l’eau, avec pour axe directeur, la protection de l’environnement. Le développement de l’entreprise se poursuivra donc en France et à l’international (en Asie et au Moyen-Orient, mais aussi sur le marché américain), afin de répondre aux grands enjeux de l’eau des années à venir, notamment dans le cadre du Plan « eau » récemment annoncé. Deux défis sont à relever : la lutte contre la surconsommation et celle contre la déperdition… Il faut réduire notre consommation et parvenir à des usages permettant une consommation contrôlée et maîtrisée… sans oublier la déperdition causée notamment par l’état des réseaux ! L’ambition déclarée du Plan « eau »* étant, d’ici 2030, de réaliser 10 % d’économie d’eau dans tous les domaines.
Concrètement, quelles actions peuvent être entreprises pour économiser l’eau de façon optimale ?
J’ai une formation d’ingénieur agronome… qui aime les chiffres verts. L’objectif pour BIO-UV Group est donc de protéger le « bleu » par le « vert » !
Laurent-Emmanuel Migeon
Laurent-Emmanuel Migeon : L’une des principales est le recyclage, la recirculation de l’eau. Le but est que l’eau soit « renouvelable ». C’est en pratique ce que nous faisons déjà pour les secteurs de l’industrie et de l’agriculture, qui peuvent réutiliser l’eau retraitée pour leur fonctionnement et l’irrigation. Il faut savoir qu’aujourd’hui, en France, seulement 1 % des eaux usées sont recyclées, alors qu’en Espagne et en Italie, par exemple, ce taux monte jusqu’à 20 % !
Nous avons notamment lancé des projets sur le retraitement des eaux usées issues des stations d’épuration de Lunel et La Grande Motte. A Lunel, nous traitons jusqu’à 650 m³/heure et sommes capables de restituer à la ville de l’eau épurée « certifiée qualité de baignade », qui peut alors resservir pour l’arrosage de l’arboretum et du terrain de foot à proximité, ou le nettoyage des équipements de la collectivité. Pour le Golf de La Grande Motte, c’est aussi de l’eau recyclée et retraitée qui permet d’assurer l’arrosage des greens.
Nos champs d’actions sont donc très vastes et chaque demande vient enrichir notre savoir-faire pour profiter à tous les domaines d’application.
Innovation et développement sont donc actuellement vos uniques moteurs de croissance ?
Laurent-Emmanuel Migeon : Oui et la conjoncture fait qu’il y a de nombreuses solutions à apporter. Se focaliser sur les marchés les plus porteurs au regard de nos compétences est prioritaire.
En 2021, nous avons mis l’accent sur le traitement des eaux industrielles et aquacoles, le marché du récréatif, les piscines privées et collectives, ainsi que les eaux de ballast dans le maritime… sans oublier la REUSE (réutilisation des eaux usées traitées) qui s’avère un enjeu majeur pour la préservation de la ressource en eau. Il ne s’agit pas pour nous de proposer seulement des équipements techniques, mais bien des solutions adaptées clef en main – par exemple, pour les navires, des compétences techniques d’ingénierie et des équipements pour pomper, filtrer, désinfecter… Nos nouveaux enjeux portent plus particulièrement sur l’aquaculture et les eaux de process industriels.
Flexibilité et agilité sont les atouts indispensables dont bénéficie BIO-UV Group pour relever les nouveaux défis d’économie et de recyclage de l’eau.
Laurent-Emmanuel Migeon
Et pour les piscines ?
Laurent-Emmanuel Migeon : Depuis de nombreuses années, BIO-UV Group innove dans ce domaine. Il suffit de citer nos solutions en piscines publiques avec la déchloramination de l’eau, qui limitent les renouvellements et apports en eau dans le bassin, et permettent donc une meilleure maîtrise des coûts de traitement et chauffage, mais garantissent surtout un environnement moins toxique pour les usagers.
Pour les bassins résidentiels, nos UV et nos électrolyseurs AKERON à basse salinité assurent des intrants réduits au minimum, des eaux de vidange tolérées et acceptées par les stations d’épuration… sachant que certains pays européens ont déjà interdit ce type de rejet. Il faudra donc s’adapter aux réglementations à venir et, à l’évidence, adopter les meilleures pratiques pour limiter l’évaporation de l’eau et privilégier les traitements les plus respectueux de l’environnement, sans chimie ajoutée.
Pour l’ensemble de ces raisons, BIO-UV Group maintient son cap vers l’innovation, toujours en accord avec ses valeurs et avec le souci permanent de la protection du vivant.
Focus sur le Plan Eau
Considéré comme l’une des priorités de la planification écologique, le Plan « eau » s’articule autour de cinq axes :
- Inscrire la sobriété dans tous les usages et dans la durée – une campagne de communication allant dans ce sens sera prochainement dévoilée au grand public ;
- lutter contre les fuites et moderniser les réseaux. À ce titre, ce sont 180 millions d’euros qui seront mobilisés pour résorber les fuites d’eau responsables de la perte d’un litre sur cinq ;
- investir massivement dans la réutilisation des eaux usées à hauteur de 10 % d’ici 2030, contre moins de 1 % actuellement. Pour ce faire, le gouvernement compte lancer 1 000 projets durant les cinq prochaines années pour recycler et réutiliser l’eau ;
- planifier les usages de l’eau et accompagner la transformation des filières très consommatrices ;
- mettre en place une tarification progressive et incitative de l’eau. En faisant payer la surconsommation de l’eau, le gouvernement espère inciter les consommateurs et les entreprises à adopter une consommation plus sobre. Autrement dit, les premiers mètres cubes seront facturés à prix coûtant. À partir d’un certain seuil, le prix du mètre cube sera plus élevé.
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